FILMUS.jpg

FILMUS

“Le premier long-métrage de Clément Safra nous convie à un voyage inhabituel de pure découverte.” —Locarno Festival

FILMUS

CLÉMENT SAFRA

 
Filmus

Synopsis

C’est une poursuite
une fugue
une langue étrangère
une résistance
un regard-caméra
un apprivoisement
une image tremblante
un son seul
une promenade en forêt

RÉALISATION/IMAGE/MONTAGE Clément Safra
PRODUCTION André Meyer
COLLABORATION ARTISTIQUE Marie Plisson
DISTRIBUTION Lacramioara Posirca, Fernando Posirca, Olivier Delayre
SON Marie Spiller, Matthis Meyer, Samuel Rouillard
COLLABORATION AU PROJET Pierre Bas
RÉGIE Achille Dubau, Karine Marques Ferreira
DIRECTION DE PRODUCTION Lisa Martin
DURÉE 1h15
FORMAT Digital Cinema / 1:1.77 / couleur / 5.1
PAYS DE PRODUCTION France


LocarnoFestival

FILMUS
Le premier long-métrage de Clément Safra nous convie à un voyage inhabituel de pure découverte.
— Aurélie Godet, Locarno Festival
FILMUS

Le premier long-métrage de Clément Safra nous convie à un voyage inhabituel de pure découverte. Avec le soutien sans réserve du producteur André Meyer — également novice — et d’une équipe réduite au minimum, c’est avec détermination que le scénariste-réalisateur-monteur plonge dans une forêt profonde, avec, pour principale boussole, une caméra Leica. À la manière d’un chasseur dont tous les sens sont en alerte, il nous invite à suivre, au milieu d’un décor d’arbres imposants, un gendarme français déboussolé et un tandem formé par une femme Rom et son jeune fils. L’association de ces figures choisies ne peut que faire écho à la dure réalité de la vie nomade dans la France d’aujourd’hui. La forêt est-elle un terrain de chasse ? Un refuge ? Un labyrinthe ? Ou peut-être est-elle un lieu sacré où une vérité serait révélée ? Un certain vertige existentiel nous emporte alors que le cinéaste paraît effacer l’ardoise pour créer les conditions idéales à la naissance d’un nouveau langage, dans lequel de mystérieuses paroles étrangères se mêlent aux sons de la nature. Filmus serait-il le nom de ce langage réinventé ? En mettant au point un vocabulaire suscitant constamment l’intérêt et la curiosité, c’est son propre langage cinématographique que Safra semble définir. Alors les bois de Dordogne dissimulent farouchement leurs habitants, leur feuillage s’entrouvre pour révéler un cinéaste à lui-même, et au spectateur.

— Aurélie Godet, Locarno Festival


FILMUS ne ressemble certainement pas au premier film français typique.
— Le Polyester
FILMUS

Premier long métrage du jeune Clément Safra, Filmus, sélectionné au Festival de Locarno, ne ressemble certainement pas au premier film français typique que l'on découvre en festivals. Cet essai expérimental est essentiellement un geste poétique – et parvient en même temps à être assez accessible. Filmus est quasi-muet, se concentre sur les images, le son, et plus particulièrement sur les sensations. Le réalisateur use avec succès du silence, ne fournit pas de clefs et sait comment stimuler l'imagination du spectateur. 

Quelques éléments : un mère Rom, son fils, des policiers dans les bois – et c'est tout ce dont on a besoin. Filmus fait un mélange stimulant et atypique entre la fiction réaliste, la non-fiction dans laquelle les protagonistes ont bien conscience de la caméra, et le conte merveilleux. Safra assume ses artifices et ses ruptures – l'expérience est à la fois ultra-épurée et pourtant fantastique. La nature y est vivante, les arbres magiques, on croit y apercevoir Blanche-Neige tandis que l'animation prend parfois le relais des prises de vue réelles. Dédié à Walt Disney, Filmus est un premier film délicat, mystérieux et prometteur.

— Nicolas Bardot, Le Polyester


Une expérience sensorielle surprenante. Un générateur de sentiments et de récits possibles.
— Critikat
FILMUS

Avec son tout premier film, Filmus (Signs of Life), Clément Safra fait preuve d’un belle foi dans la capacité du cinéma à stimuler l’imaginaire et à émouvoir par les jeux de l’ombre et de la lumière, du flou et du net, du son et de l’image. À l’image, une mère rrom et son enfant, reclus dans une forêt et constamment frôlés par une présence policière (…) Le réalisateur propose une expérience sensorielle surprenante, essentiellement sans dialogues, qui se présente comme une entreprise radicale de réduction du film narratif à ses composantes essentielles – des sujets, un lieu – pour en analyser la puissance. La tendresse de la relation entre mère et enfant, l’étrange fascination qu’ils semblent exercer sur les policiers, les moments où les sujets rompent le quatrième mur de la fiction et interagissent avec la caméra : autant d’éléments qui se combinent pour faire du film un générateur de sentiments et de récits possibles.

— Olivia Cooper-Hadjian, Critikat


Un premier film d’une poésie rare.
— Le Cinéma documentaire de A à Z
FILMUS07.jpg

Ce film n’est pas un documentaire mais pourrait être un documentaire. Ce film est une fiction mais pourrait ne pas être une fiction. Il fait partie de ces créations cinématographiques qui abolissent la distinction entre fiction et documentaire. Ce film prend le risque de réduire le son de la presque majorité de ses plans à des murmures d’insectes. Il prend le risque de ne pas sous-titrer les quelques dialogues qui se déroulent entre les personnages, une femme et un enfant. De longs plans fixes cadrant des personnages immobiles ou qui se meuvent très peu. Ce film fait le pari de la poésie. Une poésie forestière, humide, rugueuse comme le tronc des arbres. Une poésie marquée par le vert des images, la couleur de l’espoir. Une femme et un enfant donc – une mère et son enfant – la Vierge et l’Enfant. Et de gendarmes qui sont semble-t-il à leur recherche, même s’ils ne se donnent pas vraiment les moyens de les trouver. Nous, nous pouvons passer de longs moments avec eux. Ils ne semblent pas fuir, mais pourtant il faut bien qu’ils échappent aux gendarmes. Ils n’ont pas peur. Les scènes de leurs jeux sont paisibles. Ils sont si bien ensemble, dans cette forêt où les arbres creux peuvent servir de cachette. Et la lumière, les trouées de lumière qui parfois les illuminent, les font accéder au sacré. Un premier film d’une poésie rare.

— Jean Pierre Carrier, Le Cinéma documentaire de A à Z


FILMUS

“Le film que tu vas voir ne ressemble pas à ceux que tu as l’habitude de regarder…”

FILMUS raconté à mon neveu de dix ans

Par Pierre Bas, scénariste

Cher S…, 

Le film que tu vas voir ne ressemble pas à ceux que tu as l’habitude de regarder. Il s’agit d’une histoire inventée avec des vraies personnes qui transforment cette histoire à tout moment. Ces vraies personnes, tu peux les voir tous les jours : ce sont des Roms et des gendarmes. Les Roms n’ont pas de pays et sont souvent rejetés. C’est pourquoi ils représentent la liberté. Le réalisateur du film ne triche pas avec ses acteurs et ne cherche pas à les contrôler. Au lieu de leur donner des ordres, il se laisse guider par leurs intuitions. Ainsi, il redécouvre le cinéma qui devient une façon de faire se rencontrer ce qui est vrai et ce que le public est prêt à accepter.

Tu penses que ce film est un documentaire ? Tu ne te trompes pas complètement : le réalisateur a choisi de provoquer des actions qui n’auraient jamais existé sans son regard mais il se laisse guider par leurs conséquences. Il n’a pas d’orgueil par rapport à la réalité et ne se prend pas pour Dieu. 

Le réalisateur a décidé de déplacer ceux qu’il veut filmer : tu ne les verras pas dans un décor habituel, comme une rue ou un camp de Roms, mais dans une forêt, une vraie forêt qui sera montrée comme celle des films de Walt Disney, celle de Bambi ou de Blanche-Neige. À mesure que tu regarderas cette forêt, elle deviendra magique. Tous les réalisateurs sont des magiciens. Ils ont plus ou moins de talent. Ils utilisent souvent des effets spéciaux et font souvent imiter des actions. Ce réalisateur ne fait rien de tout cela. Ses tours de magie consistent à transformer un documentaire en poème en trichant le moins possible. Au cinéma comme dans les livres, on peut faire des rimes.

Ce qu’il a filmé, le réalisateur décide de te le montrer dans un certain ordre (ça s’appelle le montage). Il transforme la réalité pour en faire quelque chose de nouveau.

Il ne faut pas que tu croies, cher S…, que le cinéma ne sert qu’à raconter des histoires. Beaucoup d’adultes pensent qu’on juge un film au jeu des acteurs ou à la qualité du scénario. Ils auront une petite réticence à accepter ce film parce qu’il ne comporte ni l’un, ni l’autre. Ils penseront sûrement que tu es trop petit pour le regarder. Mais j’ai confiance en ce film et j’ai confiance en toi. Je sais que tu peux comprendre beaucoup de détails et que tu es curieux du monde dans lequel tu grandis. Les films sont des manières de transformer notre regard : ils nous amènent à mieux comprendre notre existence. 

Affectueusement,

Pierre


FILMUS

D'une forêt du Périgord au Festival de Locarno

L’itinéraire de FILMUS raconté par Clément Safra

Conception

Aux sources du projet, une forêt du Périgord qui m’est familière. C’est un lieu évocateur de fictions, de contes et de légendes, avec son orée plongée dans la pénombre, son cimetière d’arbres foudroyés, ses chênes creux en forme d’abri, sa fontaine miraculeuse, sa grotte protectrice… autant d’éléments qui m’inspirent la structure d’un voyage imaginaire à l’écart du monde et de la société. Un film qui parle de territoire, de frontière et de liberté.

Pour incarner ces thèmes, une figure émerge de l’écriture du scénario : celle d’une Tsigane, une femme rom, avec son enfant. Des symboles de liberté, mais aussi de transgression et de rejet. Dans le récit, ils sont poursuivis par les gendarmes. Protégés magiquement par la nature, ils deviennent des dieux étrangers, tel qu’est intitulé le scénario. Par leur présence et leur regard, les bois se métamorphosent en forêt enchantée.

Roms et gendarmes : un antagonisme fondamental, immédiat, quasi-irrémédiable. Gendarmes et Roms, les cowboys et Indiens d’un western français contemporain… Or dans ce film, aucune confrontation directe n’a lieu : la rencontre entre les personnages se fait par le biais de la forêt, qu’ils traversent tour à tour. Ainsi c’est le montage, le cinéma lui-même, qui doit rendre possible le rapprochement d’êtres que tout oppose.

Production

Afin d’éviter que le film ne repose sur une imitation plus ou moins approximative dérivée de préjugés, le recours à des acteurs grimés en Tsiganes est vite exclu. Au contraire, le parti est pris de mettre en scène des personnes de la communauté rom de France. Ainsi, ce sont les personnages eux-mêmes, et non des simulacres, qui évolueront devant la caméra. C’est donc au sein d’une grande famille de Roms de Roumanie établis près de Bordeaux que les castings se déroulent, grâce au soutien d’une association locale qui rassemble des dizaines de femmes et d’enfants.

À l’issue d’une série d’essais filmés, Mirela, vingt-six ans, est retenue. Elle se distingue d’entre toutes pour son naturel et son indifférence à la caméra. Elle ne cherche à imiter personne, ni à me plaire ; elle se contente d’être. Ainsi on ne la perçoit pas comme une Rom, mais comme une femme affrontant une certaine situation, celle d’une mère de famille réfugiée dans un pays étranger. Parmi ses six enfants, c’est le plus jeune et le plus indocile, Fernando, quatre ans, qui est choisi.

À l’initiative d’un producteur dont il s’agit également du premier long-métrage, le projet est financé avec des fonds exclusivement privés, sans aucune aide publique ni subvention. Le film est donc produit sans le concours des institutions de l’industrie cinématographique française, sur lesquelles il aurait été illusoire de compter pour soutenir un projet au programme aussi radical : tourner en vingt jours un long-métrage de fiction dans des conditions proches du documentaire, sans acteurs ni dialogues.

En toute indépendance, j’ai carte blanche pour mener à bien cette expérience filmique dont l’issue, par définition, est incertaine. Elle repose sur la confrontation de deux cultures, celle d’une famille rom et celle d’une équipe de cinéma, dans le cadre neutre de la forêt, unique décor de l’histoire. À l’approche du tournage, il est clair que le véritable défi sera humain autant qu’artistique : dépasser la méfiance réciproque pour tenter de créer ensemble un film d’un genre nouveau.

Réalisation

Le tournage commence au milieu de l’été, avec une palette de moyens techniques réduits au strict minimum : caméra unique, prise de son directe, décors naturels, et le soleil pour tout projecteur. L’enjeu pour l’équipe est de rester la plus discrète et la plus alerte possible afin de pouvoir capter les moindres réactions de nos héros, ces « personnes réelles » placées au coeur d’un lieu inconnu, la forêt, loin de leur cadre de vie et de leur quotidien. La caméra, que j’opère moi-même, tourne en permanence, y compris avant « action » et après « couper » : c’est là, dans ces marges, que se produisent les moments les plus précieux, les plus inattendus. Je ne peux pas les manquer sous prétexte qu’ils ne figurent pas dans mon scénario écrit entre quatre murs. « Action ! Action ! » : le petit garçon s’approprie cette injonction arbitraire, et la rend dérisoire. Il la répète en boucle, s’en moque à l’infini.

De l’artifice surgit une vérité : la complicité entre la mère et son fils, la pudeur de la femme qui se sait l’objet de toute l’attention, le refus de l’enfant d’être capturé par l’objectif. Mon désir est de saisir ces personnes au plus près, dans un mouvement spontané. Souvent, les contours s’estompent, le flou les enveloppe, et me rappelle leur caractère insaisissable. Résistance et opposition deviennent aussi les thèmes du film. Ici, l’acte même de filmer se révèle être un défi, et le filmeur lui-même, un protagoniste.

Cette matière première récoltée au tournage, je dois la donner à voir et à entendre ; la mettre en forme. Envisagé dès le début comme la véritable écriture du film, le montage doit sculpter ces images et ces sons bruts pour les rendre signifiants. Il crée le lien entre deux images, deux sons, un son et une image. Ainsi le cri de l’oiseau se substitue parfois à la parole de l’enfant dont la langue maternelle, le romani, m’est étrangère. La forêt en devient l’interprète, et le cri de l’oiseau, le sous-titre. « Filmus », ce mot inconnu que j’entends prononcé par la mère et l’enfant, devient, au terme de dix-huit mois de post-production, le titre du film.

Diffusion

FILMUS est sélectionné au 70è Festival International de Locarno, où il est présenté en première mondiale. Cette année-là, c’est le seul film français de la section Signs of Life, consacrée « aux œuvres qui explorent de nouvelles formes narratives et des langages innovants. »

Au lendemain du festival, dans un contexte où le système de distribution se trouve incapable de porter un long-métrage plus proche de la poésie que de la prose, j’imagine une présentation de FILMUS sous la forme d’une expérience visuelle dépassant la séance ordinaire : je rêve d’un spectacle dans la veine des fantasmagories du XIXè siècle où l’image projetée suscitait en elle-même l’émerveillement du public, adulte comme enfantin, alors que le Cinématographe n’était pas encore né…

Dans cette perspective, des plaques de lanternes magiques originales inspirées de FILMUS sont réalisées. À l’occasion de la sortie du film en VOD, ces œuvres uniques, peintes sur verre selon la méthode traditionnelle, sont dévoilées via L’Image Vivante, une nouvelle structure de production et de diffusion dont le projet s’inscrit dans le prolongement même de FILMUS : réinventer le cinéma.

— Clément Safra

Texte publié sur LE CINEMA DOCUMENTAIRE DE A à Z


FILMUS Lanterna Magica

Douze plaques de lanterne magique originales, peintes à la main sur verre selon la méthode traditionnelle, spécialement réalisées par l’artiste Alexis Des Mazery pour FILMUS.

FILMUS Lanterna Magica
Plaques de lanterne magique
Alexis Des Mazery, 2020
10 cm de diamètre
Peinture vitrail sur verre



Clément Safra © Copyright 2025. Tous droits réservés.